Épidémie : préparation et impréparation

L‘épidémie qui frappe la planète, celle du Covid-19, nous a trouvés totalement impréparés et ce n’est pas normal.

Elle nous a trouvés impréparés parce que la pandémie précédente, celle du H1N1, a finalement tué peu de monde (un peu plus de 300 en France). Cela a (stupidement) discrédité le discours de prévention.

Elle nous a trouvés impréparés à cause des politiques néolibérales. La prise de pouvoir de l’aile social-libérale (centre-droit) au sein du parti socialiste a permis à ces politiques de se déployer sans entrave. La victoire de Macron à la tête d’une coalition associant les sociaux-libéraux au centre-droit traditionnel (MODEM) et à la droite libérale (les LR refusant le glacis moral de Fillon) a permis d’accélérer le mouvement. La politique était à une réduction massive des dépenses sociales, notamment celles de santé, pour financer la baisse des impôts et l’augmentation des versements aux entreprises. Le système de santé a souffert de cette obligation d’économies.

Quand l’épidémie est arrivée en France, il n’y avait pas, faute de stocks et de volonté politique, la possibilité de distribuer massivement des masques et de procéder à des tests de contagion. Le discours a donc été de dire que cela était inutile : inutile, oui, parce qu’impossible à mettre en œuvre. Restait le confinement.

Dune manière générale, la gestion de la crise a aussi été marquée par des hésitations, une communication parfois incohérente et un manque de transparence.

Cette épidémie n’est probablement pas la dernière que nous aurons à affronter. Notre façon d’occuper la planète augmente le risque en nous rapprochant des animaux sauvages. La chute de population de certaines espèces prédatrices d’espèces porteuses de virus nous enlève des protections naturelles. Le réchauffement climatique entraîne la fonte du pergélisol (permafrost) fonte qui ne libère pas seulement du méthane mais aussi des virus. Certains nous sont connus, d’autres pourraient nous surprendre. À nous de tirer les leçons de cette crise pour nous préparer efficacement à la prochaine.

Une préparation technique mais aussi une préparation politique : à quelles libertés voulons-nous renoncer ? Le discours martial (en vrai, nous ne sommes pas en guerre) n’a pas de conséquences pratiques. Mais on voit la mise en place de dispositifs qui réduisent sans motif valable nos libertés.

Quand nous avons vu les images des drones contrôlant la population en Chine, nous étions choqué.e.s : cela n’était pas possible chez nous car nous sommes une démocratie. Et nous avons des drones dans certaines villes. De même que des couvre-feux. Enfin, le contrôle des sorties est confié à des policiers dont certains ne comprennent pas les limites de leur pouvoir, allant jusqu’à se faire juges de ce que chacun peut acheter.

Le confinement est une sacrée limitation à nos libertés : n’en rajoutons pas.

La sortie de crise se prépare avec des mesures d’exception permettant aux employeurs de modifier unilatéralement les rythmes de travail (le président, nous le savons, n’aime pas le terme pénibilité, « car il induit que le travail est une douleur »). Pour préparer une relance de l’économie, quitte à dévaster notre planète.

Article publié dans la « Lettre d’infos » d’avril 2020

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