Bulletin documentaire n°91

Premier numéro de l’année 2023 pour le Bulletin documentaire. En voici l’édito :

Sur la question du climat, Macron est accusé de « déconnexion ». Des scientifiques reprochent au chef de l’État d’avoir prononcé une phrase maladroite lors de ses vœux du 31 décembre 2022. Le président, s’étonnant de l’aspect « singulier » de ces allocutions qui l’obligent à parler d’un futur qu’en vérité on ne connaît pas, revient d’abord sur les crises de l’année écoulée. « Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? » s’interroge le chef de l’État.

Les mots présidentiels sont aussitôt perçus comme un symptôme de déconnexion par des experts. « « Qui aurait pu prédire la crise climatique ? » a dit Macron. C’est exactement une des boutades préférées pour moquer les politiciens qui vivent hors du réel », a tweeté un des auteurs du dernier rapport du GIEC.

Une paléoclimatologue a repris la phrase tout en relayant des documents du dernier rapport du GIEC sur les conséquences du réchauffement en Europe.

« C’est un discours qui rate le sens de l’histoire. Il aurait pu être tenu dans les années 1980, pas en 2022 », a déclaré un membre du Haut Conseil pour le climat, créé en 2018 par le même Macron.

« C’est consternant, et ç’a été droit au cœur de tous ceux qui travaillent sur ces sujets, analyse le directeur du Shift Project, un groupe de réflexion voué à dessiner les contours d’une France décarbonée. Le protocole de Kyoto date de 1997, Jacques Chirac a parlé de « notre maison qui brûle » il y a plus de vingt ans… Le plus inquiétant est de dire la même chose de l’inflation, qui a commencé en septembre 2021 et est aussi un symptôme de la raréfaction des ressources. Cela veut dire que la personne la mieux informée de France ne comprend pas les ressorts structurels de ces crises qui sont liées et ne sont pas conjoncturelles ».

Dans la foulée, d’autres sont montés au créneau pour souligner l’inconséquence du chef de l’État. « Je suis tombée de ma chaise, assène Marine Tondelier, secrétaire nationale de EÉLV. Ces mots sont écrits, lus, relus par son équipe, puis prononcés par le président de la République… Que personne ne voie le problème démontre une déconnexion entre le pouvoir et les scientifiques et les écologistes, préoccupés par tout ça depuis des années, mais aussi avec la jeunesse, inquiète pour son futur. »

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